Digital Nomad

Delphine D. – Maman, Social Media Manager et Digital Nomad

Digital Nomad | Famille | Interview

Tout comme Suzy, j’ai rencontré Delphine à Bali au détour d’un co-working space, Tropical Nomad. Partir en famille et devenir digital nomad, oui c’est possible. Delphine l’a fait et continue de vivre sa passion: voyager et travailler accompagnée des siens. Dans cette interview, elle nous donne les raisons de ce choix de vie nomade, les bonnes destinations en famille mais aussi ses avantages et ses inconvénients.

Qui es-tu ? Que fais-tu ?

Je suis D., j’ai 37 ans, je suis Social Media Manager. Je suis également la maman de L. (5 ans) et d’I. (3 ans) et la femme de leur papa A. (38 ans).

Depuis quand voyagez-vous et combien de pays avez-vous déjà visité ?

Nous avons entrepris notre vie nomade il y a un an (date de départ : 12 janvier 2018). Nous voulions rester proche de la France pour pouvoir potentiellement régler les derniers détails administratifs avant de nous lancer plus loin. Nous avons donc passé juillet et août aux Canaries (Gran Canaria et Tenerife), puis en septembre nous nous sommes envolés pour l’Asie : 3 mois en Thaïlande, 3 semaines en Malaisie, 2 mois à Bali, 3 mois au Vietnam et nous sommes maintenant au Japon, plus précisément à Kyoto.

Nous n’avons clairement pas visité tous ces pays. Puisque nous travaillons, nous nous basons à un endroit fixe dans le pays et prenons le temps de découvrir quelques spots pendant le week-end.

 Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans la vie nomade ?

Il y a 10 ans, nous avons fait un tour du monde d’un an, nous venions de nous marier et c’était notre lune de miel. Rapidement, nous nous sommes dit que ce ne serait pas le dernier et un rêve d’un voyage autour du monde avec nos potentiels futurs enfants a commencé à germer dans nos têtes.

Retour en France, c’est parti pour la routine : CDI, achat d’une maison, naissances de deux adorables puces, et possibilité d’économiser pour réaliser ce vieux rêve de plus en plus limité… On se posait alors la question de s’expatrier vers Dubaï pour enfin économiser et pouvoir partir plus tard.

A. qui a toujours été animé par l’esprit entrepreneurial a commencé à douter de notre projet d’expatriation en mettant en avant que nous aurions reproduit le même schéma qu’en France : métro, boulot, dodo, peu de temps de qualité pour nos filles, se voir en coup de vent, se faire finalement croquer par une routine de salarié. Il a commencé à évoquer le monde merveilleux des digital nomads. I. venait de naître, je venais de reprendre le travail, je jonglais entre mes différents rôles tant bien que mal, je n’écoutais pas son histoire, son potentiel projet de digital nomad, d’autant plus que mon travail était ultra sédentaire et mine de rien, je tiens à ma vie professionnelle.

Et puis le temps a passé, un soir je récupère mes puces entre l’école et la nounou, il est 18h30 quand je rentre à la maison avec elles. Et c’est parti pour le marathon du soir : bain, repas, coucher. Les filles me parlent, ont besoin de moi. Je suis dans mes pensées, encore au travail. Elles insistent, je craque complètement, je pète littéralement un plomb. Je ne suis pas disponible pour elles, je suis encore dans mon travail. Je revois encore la scène. Les filles pleurent. Je ne me reconnais plus. Je m’excuse, les câline et une fois les filles au lit, je raconte la scène à A. Il revient en charge avec son histoire de digital nomad. On tape dans la main (signe de contrat entre nous) et dix mois plus tard, notre vie tient dans 3 valises (et quelques cartons chez nos familles et amis).

De quoi et comment vivez-vous ?

A. a créé son entreprise en sécurité informatique deux mois avant notre départ. Moi j’ai entrepris une formation de community manager. Après une année d’aventure, nous gagnons des sous, nous gagnons notre vie. Avant, nous vivions juste de nos économies !

Trouvez-vous difficile de trouver un équilibre entre travail et voyage ?

Cette première année est une année test. Création d’entreprise pour l’un, formation et auto-entrepreneur pour l’autre. Mais nous avons gagné notre liberté géographique. Je suis une insatiable du voyage, alors forcément j’adorerai avoir déjà gagné notre liberté financière pour pouvoir voyager plus et travailler moins. Mais nous n’y sommes pas encore. C’est l’objectif de ces deux prochaines années 😉

Plus précisément, nous avons grosso modo autant de vacances qu’avant, mais profitons d’un terrain de jeu plus exotique pour quelques week-ends !

Regrettez-vous certains aspects de votre vie en France ? Qu’auriez-vous aimé savoir avant de partir ?

Notre nounou nous manque terriblement !

Sur le papier, c’est assez alléchant de se dire qu’on va pouvoir voir grandir nos enfants, profiter de chaque instant avec elles. Mais notre réalité est que nous avons aussi besoin de temps pour nous, pour travailler, pour notre couple.

Et c’est peut-être la partie la plus complexe à gérer : trouver un équilibre entre les enfants, leur scolarité, nos boulots, les voyages, l’organisation des voyages, notre couple, rencontrer du monde, …

Delphine

J’aurais finalement aimé avoir les oreilles plus ouvertes quand A. me disait qu’il fallait qu’on se pose plus longtemps dans les pays plutôt que d’être en mode tour du monde. Pour ne pas nous essouffler, pour ne pas nous fatiguer, pour avoir le temps de se créer une routine, pour approfondir les connaissances faites ici, …

Quelles destinations avez-vous trouvé les plus « digital nomad » et pourquoi ? Quelles destinations recommanderiez-vous avec des enfants ?

Nous voulions tester les gros Hub de digital nomad avec Canggu (Bali) et Chiang Mai (Thaïlande). Nous n’avons pas trop aimé Canggu avec nos filles. Trop orienté jeunes célibataires surfeurs et instagrammeurs que familles. Lorsque nous sortions de chez nous à pied, nous étions sur la route. Avec les filles, c’est vite devenu compliqué en semaine lorsque l’un de nous devait se retrouver seul avec elles. Nous étions assez prisonniers de notre maison (certes de rêve mais prisonnier quand même).

Finalement, c’est Hoi An au Vietnam qui a fait chavirer nos cœurs. Tout est simple, plutôt authentique. Entre culture, plage, rizières, nous étions comblés. Cerise sur le gâteau, il y avait une petite école francophone ! Les filles en ont profité pour se faire des copains !

Avantages et inconvénients à voyager ainsi avec de jeunes enfants ?

Voyager avec des enfants leur permet de s’ouvrir au monde très rapidement, leur permet d’appréhender leur échelle le monde, d’autres cultures, d’autres façons de faire. Voir plus loin que le bout de leur nez, se dire que la France n’est pas le centre du monde et qu’il existe d’autres façons de faire, d’autres façons de penser.

Se construire avec le voyage pour avoir une certaine ouverture d’esprit.

Delphine

Voyager avec nos filles, nous permet des contacts beaucoup plus faciles avec les locaux. Que ce soit de leur part ou de la nôtre, les interactions sont plus importantes et cela enrichit clairement notre aventure.

Et puis, le voyage fait intégralement partie de nous. Ne plus voyager comme nous l’avons toujours fait, serait comme mentir aux filles. Nous voyageons pour rester “nous”.

Beaucoup de gens disent ne pas pouvoir envisager de voyager ainsi avec leurs enfants. Qu’auriez-vous envie de leur répondre? Quels conseils leur donneriez-vous ?

Je pense que c’est en voyageant uniquement solo qu’on ne fait pas de compromis, qu’on profite de l’aventure comme nous le souhaitons. A deux, il y a quelques efforts à faire pour que chacun se sentent bien alors à quatre et avec les différents centres d’intérêt, il y a encore plus de compromis. Je préfère clairement plus explorer une île que d’aller au parc municipal avec trois balançoires. Je préfère manger un phô pour la vingtième fois plus que des frites et des nuggets, mais c’est la règle du jeu. Écouter et respecter les envies de l’autre pour que l’expérience tienne le plus longtemps possible. Mais sinon foncez et ayez confiance en vous et votre famille !

Quelle est votre prochaine destination ? Envisagez-vous un jour de poser vos valises quelque part ?

On s’octroie quelques vacances : 1 mois de road trip sur la côte Est australienne, puis 2 mois à Sydney !

Aujourd’hui nous souhaitons bien entendu poursuivre ce mode de vie, par contre ralentir la cadence : nos filles ont envie d’avoir des copains, et on se dit que les mettre à l’école de temps en temps serait profitable pour tous 😉

Et si un jour nous devons poser définitivement nos valises, ce sera juste pour le besoin de nos filles ou si nos familles rencontrent des problèmes de santé…