J’ai rencontré Suzy à Bali et plus précisément à Roam, l’espace de co-working/ co-living que j’avais évoqué précédemment. Un peu par hasard, un peu parce qu’on cherchait toutes les deux une issue à nos vies urbaines. Beaucoup parce que c’est une fille très chouette qui a les pieds sur terre, un sens de l’humour sans égal, l’amour du vin (n’est pas Français qui veut) et un vrai professionnalisme dans son métier.
Qu’est-ce qui t’a décidé à devenir digital nomad ?
Je travaillais à mon compte depuis déjà un an à Barcelone et après une rupture, j’ai dû déménager assez soudainement. S’est alors posée la question de l’endroit où j’allais m’installer… Et je n’en avais aucune idée ! Je n’avais pas envie de rester en Espagne, ni de retourner en France et j’avais vu une publicité pour un espace de co-working/ co-living à Bali sur Facebook… J’ai donc décidé d’acheter un billet d’avion plutôt que de signer un nouveau bail (et je ne regrette absolument pas ce choix aujourd’hui).
Comment gagnes-tu ta vie ?
Je suis traductrice. Après des études de traduction et un passage (très) rapide en entreprise, j’ai décidé de créer ma propre (petite) entreprise de traduction: Suzy Keller Translation.
Je travaille avec des agences mais j’essaye de développer progressivement ma propre clientèle. Je travaille essentiellement dans le marketing, avec des marques de prêt-à-porter, cosmétiques, joaillerie et spiritueux.
Qu’aurais-tu aimé savoir avant de te lancer dans ce mode de vie ?
D’abord, d’un point de vue pratique, ce n’est pas toujours évident. La plupart du temps, je dois tout planifier plusieurs mois à l’avance si je veux pouvoir trouver un Airbnb qui soit dans mon budget. Ce qui peut s’avérer être un véritable casse-tête.
Ensuite, ce n’est pas forcément toujours aussi paradisiaque que ce que l’on veut bien montrer sur nos feeds Instagram. Voyager, planifier, s’adapter à un nouveau pays, une nouvelle culture, cela peut être fatigant et je l’ai appris à mes dépens. J’ai donc sacrément ralenti par rapport à l’année dernière où je changeais chaque mois de destination. Je préfère maintenant rester plus longtemps (trois ou quatre mois) au même endroit.
Qu’est-ce que tu préfères dans ce mode de vie?
Ce que je préfère, c’est avant tout la liberté qu’il me procure. Pouvoir échapper à l’hiver et prolonger l’été en Asie, ça n’a pas de prix. C’est aussi une question de qualité de vie. Je sais que je n’aurais pas la même si je vivais toute l’année à Paris. Aussi bien au niveau du climat qu’au niveau du coût de la vie. Cela me permet aussi de pouvoir profiter d’activités que je ne ferais pas habituellement (plongée, parapente, virées en bateau etc.).
“Pouvoir échapper à l’hiver et prolonger l’été en Asie, ça n’a pas de prix.”
Suzy
Combien d’heures par jour travailles-tu ? Quelle est une semaine type ?
Cela dépend des jours. En moyenne, je dirais de 7 à 8 h/jour. Après, si je travaille sur un gros projet avec un délai serré, je suis capable de travailler de 9 à 11 h/ jour puis prendre un ou deux jours off quand le projet se termine. L’objectif est de pouvoir ralentir le rythme une fois que j’aurais davantage de clients directs.
Mais, pour être honnête, je n’aurais pas forcément besoin de travailler autant. Je pourrais travailler moins, gagner moins et m’en sortir. C’est un choix que je fais car je souhaite développer mon activité autant que possible et ralentir la cadence une fois que j’aurais exclusivement (ou presque) obtenu des clients dans mon segment cible.
Quels sont les inconvénients/problèmes que tu as pu rencontrer ?
Le décalage horaire. Il y a deux ans, ça ne posait aucun problème à mes clients mais depuis que je travaille avec un nouveau gros client, je suis obligée de travailler sur un même fuseau horaire. Ce qui veut dire travailler la nuit quand je suis en Asie… C’est le plus gros inconvénient que j’ai rencontré jusque maintenant (ça et les araignées peut-être 😆).
“Exploitez les qualités et compétences que vous mettez déjà à profit dans votre travail actuel pour trouver quelque chose qui vous motive réellement”
Suzy
Un conseil pour ceux qui souhaitent devenir digital nomad ?
Il y a beaucoup de gens aujourd’hui qui veulent se lancer dans ce mode de vie sans y être bien préparés. J’ai eu la « chance » de travailler en amont en free-lance avant de commencer mon aventure de digital nomad. Mais pour ceux qui souhaitent quitter leur travail et se réorienter, je recommande de ne pas partir sans un solide plan d’attaque.
Si vous voulez éviter que votre aventure paradisiaque ne tourne au cauchemar, prenez votre mal en patience et mettez d’abord de l’argent de côté.
Ensuite réfléchissez bien à ce que vous voulez faire, ne vous lancez pas aveuglément dans quelque chose, juste pour pouvoir voyager. Sans en avoir ni l’envie ni les capacités.
Exploitez les qualités et compétences que vous mettez déjà à profit dans votre travail actuel pour trouver quelque chose qui vous motive réellement et vous permette de payer les factures en fin de mois.
Enfin, faites marcher votre réseau, il n’y a que ça de vrai !
Quels sont tes projets pour le futur ?
Concernant les voyages, je prévois de partir deux mois en Argentine en octobre, notamment pour tester un nouvel espace de co-living made in digital nomad : Unsettled. Pour la suite je ne suis pas encore sûre mais si l’Amérique du Sud me plaît, j’y prolongerai peut-être mon séjour.
D’un point de vue professionnel, je viens de commencer une formation en vin et spiritueux pour me concentrer davantage sur ce segment.
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