Portrait

L’impact du Nyepi sur la vie balinaise

Demain, Jeudi 7 Mars, arrive le jour du Nyepi – autrement appelé “jour du silence” et plus sérieusement, cela correspond au nouvel an Balinais. Mais il ne s’agit ici ni de champagne ou de robe de soirée. Nyepi, c’est avant tout une cérémonie populaire et religieuse qui tient autant du carnaval à la sauce locale que d’un hommage impressionnant au silence, le tout en moins de 48h…

Nyepi, un jour pas comme les autres

Le jour du Nyepi, le silence est observé durant 24 h à partir de 6 heures du matin et sous très bonne surveillance: les seules personnes visibles hors des maisons sont la police du tourisme et les gardes traditionnels, pecalang, qui patrouillent dans les rues pour veiller au respect des coutumes et à la sécurité.

La journée est réservée à la méditation et les démons qui passent au-dessus de l’île ne doivent pas être tentés par un retour auprès des humains, ce qui impose certaines restrictions : pas de lumière visible, pas de travail, pas de divertissement, pas de déplacement ; et, pour certains, le jeûne et le silence total. Le jour du Nyepi, les lieux sont déserts, on n’entend ni la radio ni la télévision, et on observe peu de signes d’activité même dans les maisons. Ce qui, pour ceux qui ont déjà visité l’île, est un exploit voire une aberration.

Quel impact pour les touristes ?

En gros, Nyepi, pour le commun des mortels, c’est le Jour d’Après. Nombreux sont les touristes qui ont pris leurs cliques et leurs claques pour rejoindre les îles touristiques de Lombok et Gilis et s’assurer ainsi d’avoir à disposition du wifi. Parce que oui, et c’est probablement le plus impressionnant: Bali dans sa totalité suit à la lettre ce rite religieux et à cette occasion, qui n’arrive qu’une fois l’an, le gouvernement coupe les accès internet et dans certaines régions, l’électricité. Il en va de même pour l’aéroport qui sera fermé durant la période de ce rite traditionnel. On notera le marketing hôtelier qui offre des packages “Nyepi” aux touristes énervés qui sont pressés de s’affairer.

Pour moi, c’est une bénédiction car qui, de nos jours, a réellement la possibilité de déconnecter ? De mémoire, excepté mon séjour aux Philippines, cela fait plus de 10 ans que je n’ai pas coupé volontairement ou involontairement mon téléphone.

Mais depuis quelques jours et les messages quotidiens sur Facebook, la tension est palpable. Des messages (risibles) qui mentionnent “ne pas vouloir être enfermé contre leur plein grè” au fil d’attente toujours plus longue dans les supermarchés au cas où … Au cas où, on puisse mourir de faim. C’est même l’un des premiers conseils qu’il nous a été donné: prévoyez de la nourriture.

Le seul élément que l’on pourrait critiquer durant cet « événément » sont les rites observés, parfois impropres à notre culture –  notamment le rite des offrandes. De nombreux chiens ont ainsi été volés dans des maisons pour être offerts aux dieux en ce moment si sacré. Je ne peux m’empêcher d’écouter les aboiements alentours en me demandant si les heures de ces quadrupèdes sont comptées.

Pour les Balinais, Nyepi est probablement un équivalent de notre jour férié auquel ils ne sont pas (si souvent) habitués avec des règles traditionnelles qui ne manquent pas d’étonner. Pour les “non balinais”, expats et autres touristes, la faim (et fin) du monde est proche. Je m’inquiète simplement de savoir si je vais pouvoir allumer mon briquet pour fumer, au risque qu’un démon puisse rentrer dans ma maison – ou souhaite tremper ses pensées négatives dans la piscine… #toughlife mais j’ai hâte!