Piquouse du voyage, ras-le-bol du boulot, interrogations existentielles… Marion a 30 ans, est franco-australienne et a pris la tangente pour partir voyager. Retour sur son voyage en solo.
Comment t’est venu l’idée de partir à l’autre bout du monde ?
J’avais toujours eu l’envie de voyager évidemment mais je reportais toujours au lendemain. Et malheureusement, un événement tragique et personnel l’année dernière a été un élément déclencheur qui m’a poussé à m’interroger sur ma vie, sur ce que je souhaitais en faire et m’a aidé à prendre des décisions plus tôt que ce que ce que je pensais en faire. Cela tombait aussi à un moment de ma vie où j’ai souhaité prendre du recul sur la vie que je menais à Sydney. J’ai pris un congé sans solde de 6 mois en Juillet 2016 : je suis retournée en France pour passer du temps en famille et j’ai ensuite pris l’avion en Septembre pour me rendre en Asie. Au bout de 6 mois de voyage et après y avoir mûrement réfléchi, j’ai démissionné pour me donner l’opportunité de réfléchir un peu plus.
Comment as-tu planifié ton départ et choisi tes destinations ?
En habitant en Australie, l’Asie était logiquement plus proche géographiquement et je n’avais pas eu l’occasion de visiter aucun de ces pays – mes priorités de l’époque étant ailleurs – je me concentrais surtout sur ma carrière. Même si j’ai envie de découvrir le monde entier, l’Asie me semblait plus facile tant par la langue, l’anglais que par le budget et j’étais très attirée par la culture d’Asie du Sud Est. A l’origine, j’avais prévu de partir en Indonésie, Thailande, Vietnam, Cambodge, Laos, Birmanie et aux Philippines.
En ce qui concerne la planification budgétaire, je suis allée sur les site officiels qui regroupent le coût de la vie dans chaque pays – j’ai pu réaffiner ensuite les budgets alloués à chacun. Je me suis aussi beaucoup appuyée sur des blogs, une mine d’informations de voyageurs qui ont effectué le même trajet.
Avais-tu des craintes au début de partir toute seule ?
Oui j’avoue que j’avais énormément de craintes avant de partir. Je me suis beaucoup renseignée et j’ai lu énormément de témoignages de femmes qui étaient elles aussi parties seules. Cela m’a rassuré et beaucoup encouragé. Dans tous ces témoignages, il y avait un risque mais finalement, comme n’importe quel risque quand tu sors de chez toi. Et comme le dit l’expression anglaise “if you don’t try it, you don’t know it”.
J’avais surtout l’appréhension d’être une cible potentielle pour les hommes mais je pense qu’il y a s’agit essentiellement de « common sense » : je fais attention à moi comme je le ferais dans ma propre ville.
Quelles ont été jusqu’à présent tes rencontres marquantes et tes destinations/ moments préférés ?
J’ai passé 3 mois à Bali et c’est vrai que c’est un endroit très touristique mais de par le temps que j’avais et mon moyen de transport (le scooter), j’ai pu découvrir des endroits un peu cachés et très typiques. Cela m’a aussi permis de faire une rencontre marquante : la « water priestess ». C’est la seule femme prêtre à Bali, surnommée « water priestess » car elle effectue une purification par l’eau. Nous étions un petit groupe de balinais et avons été arrosés d’eau bénite. Cette femme a le don de faire ressortir la colère ou la tristesse. Donc par exemple, les gens qui étaient très colériques se mettaient à crier et ceux qui sont tristes à pleurer. Une expérience assez incroyable.
J’ai aussi découvert une activité que je ne pensais pas du tout tester dans ma vie : la plongée sous-marine. Ce sport ne m’avait jamais attiré auparavant mais par hasard et parce qu’exceptionnellement, j’avais omis de réserver un hôtel en arrivant à Gili Air, je suis tombée sur un hôtel qui faisait également centre de plongée. Pour une première nuit payée, un baptême est offert. Une révélation qui m’a permis de continuer et d’obtenir l’open water. Une nouvelle facette à mon voyage qui n’est plus seulement de découvrir des paysages mais aussi découvrir les fonds-marins. J’ai maintenant une nouvelle bucket list 😊
Enfin, ce voyage m’a aussi permis de me retrouver avec moi-même et de (re) découvrir une créativité que je pensais oublier avec la peinture et le dessin.
Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui ont envie de partir toutes seules ?
C’est sûr qu’il peut y avoir une crainte notamment liée à l’insécurité par exemple ou le fait, parfois, de se sentir seule. Question qui revient régulièrement de la part de mes amies. Et au final, c’est tout le contraire. J’ai enfin pu m’écouter. Je sais que cela peut paraître étrange mais dans un quotidien, je pense qu’on prend rarement le temps de s’écouter à cause du travail, de la routine… Donc le seul conseil utile que je donnerais : ne pas hésiter à se lancer. Ne pas avoir peur car les peurs s’alimentent entre elles. Et au risque de paraître cliché, il vaut mieux vivre ses rêves que de rêver sa vie. Je sens personnellement que je dépasse mes limites et que je me redécouvre
Quels sont tes prochaines destinations ?
Les aléas de la vie et du voyage font que j’ai passé plus de temps que prévu en Indonésie et en Thaïlande et a donc chamboulé mon programme de départ. Je pars bientôt au Vietnam et j’hésite encore sur la suite… Mais j’espère avoir le temps et le budget de visiter de nouveaux pays.
Partir seule t’a-t-il changé et quels sont tes projets à ton retour ?
J’ai réalisé que j’étais une femme beaucoup plus forte que ce que je ne pensais. Comme dans tous les voyages, il y a eu des hauts et des bas. A deux, on peut avoir des moments très durs mais quand on est seule, le sentiment d’impuissance est décuplé. Mais quand on se sort seule de ces moments difficiles, on ne peut qu’être fière de soi-même. Et je réalise que je suis une femme beaucoup plus forte tant physiquement que moralement.
Mes projets en rentrant sont en revanche beaucoup plus flous…. Ce voyage m’a apporté beaucoup de questions. Des réponses aussi mais plus j’ai de réponses, plus j’ai de questions. Cercle vicieux. Je me considérais comme une workaholic mais je me suis rendue compte que la vie, ce n’était pas que le travail et qu’il y avait de très belles choses à voir. Je ne suis pas sûre de travailler dans le même secteur d’activité par la suite mais je pense que ce n’est que du positif et que quand j’aurais trouvé ce que je souhaite réellement faire, ce ne sera que du bonheur.