Portrait

Marie & son tour du monde

Marie | Tour du Monde

En 2010, diplôme en poche, Marie a pris la (bonne) décision de partir 6 mois en tour du monde, en voyage en solo. Elle nous donne ses astuces, ses coups de coeur et ses motivations. Rencontre.

Comment t’es venu l’idée de ce tour du monde ? Quelles motivations ?

L’idée de ce tour du monde m’est venu lors d’un voyage en Inde avec mon (ex) copain, on s’était dit que dès l’obtention de mon diplôme, nous partirions parcourir le monde pendant un an. Rupture se faisant finalement, je n’avais pas cédé à mes envies et j’ai fini par partir avec une amie pendant 6 mois. Mes motivations principales ? La fin des études, la fin d’un contrat, je me suis dite que c’était maintenant ou jamais et que je n’aurais pas forcément la possibilité de le faire plus tard. On lâche tout, on y va !


Comment as-tu choisi les destinations de ton périple ?

J’avais une liste de pays que je rêvais de visiter, mon amie avait la sienne et compromis oblige, nous avons mis en commun nos destinations et choisi le périple final en fonction des billets d’avions et de ce qu’il était possible de faire. Un voyage de 6 mois versus 1 an à l’origine réduit aussi le champ des possibles. Résultat: la Birmanie, pays de mes rêves que j’ai découvert grâce à un photographe, le Laos, le Vietnam, le Cambodge et la Thailande en Asie puis un bond au Népal avant de rejoindre l’Amérique du Sud pour parcourir l’Argentine, la Bolivie et le Pérou.

Interview | Marie | Tour du monde


Quels ont été les préparatifs pour mener à bien ton périple ? Parcours, planning…

Au niveau des préparatifs, le plus compliqué était l’administratif: trouver la bonne assurance assistance et trouver une banque qui ne prenne pas trop de frais sur place. A l’époque, pour chaque retrait, la banque nous prenait 8€. Dans certains pays, nous avions aussi la contrainte d’être limité à un retrait de 100€ par semaine, ce qui pouvait être parfois contraignant. Je recommanderais aussi d’avoir toujours des US$ sur soi car certains pays n’acceptent que cette monnaie, c’était le cas notamment en Birmanie. 

Pour nos billets d’avion, comme nous ne pouvions pas faire de retours en arrière et donc passer par un billet tour du monde, on  a pris une agence de voyage qui nous a selectionné les tarifs les moins chers pour un budget total de 1400 euros. Le trajet Nepal/ Argentine a été le plus long.

Autrement, un check-up complet des médicaments est essentiel car il est parfois compliqué de trouver ce qu’il faut à portée de mains. Vient ensuite le temps des préparatifs pour l’organisation même du voyage et ce que j’avais envie de voir sur place. Mon forum de référence: voyage forum couplé à des blogs de voyageurs qui ont été dans les mêmes destinations. Après coup, je me suis rendue compte que les bonnes informations se trouvaient sur place: tu rencontres des locaux qui t’emmènent dans des endroits et tu finis par suivre un parcours que tu n’avais pas du tout anticipé mais c’est génial. Le temps n’existe plus, tu te laisses portée, tu suis ton instinct et tu vis au gré des rencontres.


Comment as-tu budgeté tes dépenses ?

Pour le budget, j’avais originellement prévu 1an de voyage et non 6 mois, donc il était plutôt large. Au final, nous avons dépensé 6000€ – billets d’avion inclus, sans se restreindre vraiment. Sachant que les pays d’Asie sont plus économiques, en vivant comme un local, nous mangions pour 1 à 2€ et dormions dans des chambres d’hôtels et guest house à 5€; soit 10€ par jour et par personne. Le budget quotidien était plus élevé en Argentine où la vie est plus chère, en Bolivie pour les excursions et au Népal pour le trek.


Comment as-tu sélectionné ton bagage idéal ?

Un sac à dos de 60 litres derrière et un de 30 litres devant. Pas de bagages à roulettes, impossible pour moi 🙂


Quels ont été les moments les plus difficiles ?

Cela se résume en trois mots: premier et dernier mois. Le premier mois est difficile car j’ai réalisé que j’étais vraiment partie et mes amis, ma famille m’ont énormément manqué. Je me suis aussi beaucoup demandé au départ si je n’avais pas fait une erreur; d’autant que sur 6 mois, certains moments peuvent être étouffants. La solicitation perpétuelle des locaux peut vite devenir fatiguante. Et le dernier mois avant le retour car tu as l’impression d’avoir enfin trouvé ta place et ton rythme mais tu ne peux pas t’empêcher de t’interroger sur ce qui t’attend à la descente de l’avion .

Après, autre difficulté bien réelle: en étant une femme, il ne faut pas se cacher qu’il arrive régulièrement de se retrouver face à des hommes parfois irrespectueux, tout particulièrement en Inde. En tant que femme, il faut parfois savoir faire “son homme”.

Interview | Marie | Tour du Monde


À ton retour en France, as-tu eu des difficultés à te remettre dans le train-train quotidien ?

Le retour a la réalité est… très compliqué. Je venais de passer 6 mois à sourire et à dire bonjour à tout le monde, à vraiment partager des choses avec des gens qui sortent de l’ordinaire, que ce soit des locaux ou des voyageurs et lorsque je me suis retrouvée dans le métro parisien pour la première fois, tout ce que j’ai vu, c’est la tête mécontente de mes pairs. Nous sommes dans une société qui a peur et où nous devons faire attention à tout, où les gens passent énormément de temps à se plaindre… Je me suis beaucoup posée de questions sur ce que je comptais faire par la suite et si je souhaitais vraiment restée en France ou repartir. Je suis repartie un mois et demi pour finalement, rentrée avec la certitude que c’était le moment de fonder quelque chose d’autre.


Qu’as-tu retiré de cette expérience ?

Quand j’étais en voyage, j’étais moins stressée, plus proche de mes désirs, plus sereine aussi: sur mes envies, mes choix quotidiens, mes rencontres… J’ai aussi réalisé à quel point cela peut être une chance de vivre dans un pays occidental quand d’autres vivent dans la misére. Et quand en rentrant en France, on m’a demandé ce que je voulais, j’ai simplement répondu “être heureuse”. Si j’ai été heureuse là-bas, pourquoi ne pas l’être ici aussi. Cela résume plutôt bien l’état d’esprit dans lequel j’ai vécu et dans lequel je suis actuellement. J’ai pris du recul sur l’angoisse du quotidien.


Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite partir ?

Pars. Suis tes envies et ne te laisse pas cantonner à ce que les autres te demandent d’être. Multiplie les expériences, tu ne pourras qu’en sortir enrichi. Et lors de ton périple, ne te mets pas de barrière, laisse-toi aller.


Si tu devais donner 3 moments/ destinations, qu’est-ce que ce serait ?

L’Inde, expérience unique au monde: tu aimes ou tu détestes. Le pays laisse peu de place à l’entre-deux. Le Népal pour la beauté des paysages, le bouddhisme, la chaleur humaine et la Birmanie, coup de coeur assuré mais qui a énormément changer depuis mon voyage.

Marie | Tour du monde | Bolivie