Portrait

[Interview] Flore – Volontaire au Népal

Nepal | VIN | Volontariat

Pendant ma mission humanitaire, j’ai eu l’opportunité de rencontrer plusieurs volontaires aux profils, aux missions et aux conditions de vie différentes des miennes. Rencontre avec Flore qui fait 5 mois de volontariat au Népal.

Nepal | VIN | VolontariatComment es-tu arrivée au Népal et avec quelle organisation ?

Cela faisait plusieurs années que je souhaitais faire du volontariat afin de découvrir de nouvelles cultures dans des pays en développement ainsi qu’apprendre la gestion de projet.  J’ai étudié le droit et j’ai préféré attendre la fin de mes études avant de tenter une première expérience de volontariat au Sénégal pendant 5 mois. Cette expérience m’avait beaucoup plu et je souhaitais en faire une nouvelle. Je suis rentrée en France, j’ai trouvé un emploi dans l’administration publique et au bout de 2 ans, j’ai démissionné pour retrouver une nouvelle mission. Cela fait maintenant 3 mois que je suis arrivée au Népal où je travaille pour VIN (Volunteers Initiatives Nepal).

En France, il existe deux types de volontariat différents : SCV (Service Civique Volontaire) financé par l’Etat Français et pour lequel on peut postuler jusque 25 ans : on est payé chaque mois et tout est pris en charge sur place et SVE  (Service Volontaire Européen) financé par l’Union Européenne avec une limite d’âge de 30 ans : pas de revenus mensuels, mais là encore tout est pris en charge.

Quel est l’intitulé de ton projet et tes missions au quotidien ?

J’avais des attentes plutôt centrées sur l’environnement mais initialement et d’après le descriptif, ma mission consistait à: donner des cours d’anglais, améliorer les conditions d’hygiènes dans le village et aider à la (re)construction d’écoles.

En réalité, mon projet intitulé “wash”, s’articule uniquement autour des questions d’hygiène sanitaire. L’association avec laquelle je suis partie avait financé, l’année précédente, un dispositif  de construction de plus de 800 toilettes dans les villages alentour. Ma mission quotidienne consiste donc à visiter les maisons les unes après les autres pour m’assurer que tout a bien été fait dans les normes et dispenser aux communautés les bonnes pratiques sanitaires.

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Quelles sont tes conditions de vie ?

Je suis hébergée dans une famille d’accueil, dans un village, à 250 km de Kathmandu – 12 hrs de jeep pour y accéder. C’est un village à l’écart du monde, perdu dans les collines où nous n’avons ni électricité ni eau courante. Un peu compliqué pour se doucher car nous devons nous rendre à 20 min à pieds de notre maison, munis de seaux pour nous approvisionner. Comme beaucoup de villages Népalais, nos maisons n’ont ni fenêtre, ni porte et les murs sont en terre: on dort sur une planche en bois, on vit avec des souris, des rats et des musaraignes (qui ont malheureusement une passion pour nos culottes et dentifrices). Les conditions sont spartiates évidemment mais au bout de quelques jours, on s’y fait plutôt bien.

Quelles conclusions d’un point de vue social et professionnel retires-tu de cette expérience ?

Dans le cadre de notre mission, nous faisons une enquête quotidienne auprès des familles: nous avons dû créer un questionnaire ainsi qu’un document sanitaire qui recense les bonnes et les mauvaises habitudes. Mais ce n’est pour moi ni pour mon binôme, notre cœur de métier ni notre domaine d’études. Nous ne savons pas réellement si nos questions sont utiles et si l’association va vraiment s’en servir. En 3 mois, nous nous sentons un peu démotivés car nous n’avons aucune idée de la viabilité de notre projet, nous manquons de visibilité sur nos objectifs. Bien sûr, nous avons conscience que c’est important et qu’il y a une logique sanitaire mais est-ce vraiment utile à la communauté ?

D’autres volontaires ont pour mission, dans le village de donner des cours d’anglais et des cours d’ordinateurs et ce, uniquement à des femmes, toutes générations et toutes castes confondues… Problème: il n’y a pas d’électricité dans le village et surtout, elles n’auront jamais les moyens de posséder un ordinateur. Alors pourquoi faire ? L’intérêt : les femmes au Népal sont encore trop dominées par leur mari et l’idée de l’association est de leur donner une double perspective : une ouverture sur le monde et le savoir donc le pouvoir sur leurs maris. Il y a donc une vraie logique là encore, mais nous ne pouvons manquer de nous interroger sur son utilité quotidienne… il y a probablement d’autres choses plus importantes à connaître.

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Et tes conclusions d’un point de vue personnel ?

Certains volontaires le voient comme un challenge de type “Survivor”. Personnellement, les conditions de vie ne me dérangent pas, bien au contraire: cela change ma perception du « confort » et des conditions de vie européennes. Vivre ainsi est enrichissant et je me rends compte de la chance que j’ai.

Un seul point négatif en ce qui me concerne : l’ennui. Le quotidien au village peut vite être ennuyeux mais j’en ai pris mon parti. Ce qui est contraignant surtout, c’est l’ennui de ma mission et son côté rébarbatif. La barrière de la langue n’aide pas non plus. Un traducteur nous accompagne quotidiennement mais il ne peut pas tout traduire et de fait, nous manquons cruellement d’interactions avec la communauté locale.

Recommanderais-tu cette expérience ?

Oui, définitivement. Mais je pense qu’il faut être préparé et avoir conscience que la vie dans ce village est une aventure. J’ai des exemples, autour de moi de volontaires, ayant du mal à s’acclimater et donc qui critiquent régulièrement la culture népalaise.  Cela a un effet négatif: tant vis à vis de moi que parmi la communauté qui ne se sent pas respectée et cela donne une mauvaise opinion des européens à l’étranger. Selon moi, nous n’avons pas à leur imposer notre mode de vie et notre point de vue.

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